Eva Godard - Cornet à bouquin
Arnaud Van de Cauter - Orgue

Musique ancienne

Dans la pratique musicale au XVIe siècle et dans la première moitié du XVIIe siècle, le rôle de l'instrumentiste ne se limitait pas à restituer fidèlement la musique écrite, mais il devait embellir la composition par des ornements. En effet, il devait être en mesure d'inventer en improvisant, soit des lignes musicales entières, soit des passages rapides, c'est-à-dire des diminutions qui venaient s'enlacer autour de la mélodie originale d'une chanson à la mode ou d'un motet. Les instrumentistes, joueurs de luth, de clavier ou de cornet, s’inspiraient de l'art de l'improvisation des chanteurs : cela est attesté par les exemples donnés par le cornettiste Giovanni Bassano dans les Mottetti, madrigali, et canzoni francese diminuiti (1591), et Giovanni Battista Bovicelli dans son traité Regole, passaggi di musica (1594).
Il y avait au XVIe s. et au XVIIe s. autant de styles d'ornementation différents que de virtuoses, tel dallaCasa dont nous connaissons notamment les diminutions sur la chanson Alix avoit aux dens la Malerage et Petit Jacquet, ou Giovanni Bassano, dans la pièce Caro Dolce ben mio. Les extravagances présentes dans les pièces de R. Rogniono illustrent la virtuosité ornementale de la fin du XVIe siècle. Dans un style différent, Bovicelli utilise des ornements d’une grande vocalité dans le madrigal Io son ferito ahi lasso. Comme cela était en usage au XVIIe siècle, nous en donnerons une version instrumentale - ici avec le cornet à bouquin accompagné par l'orgue. De tous les instruments, le cornet à bouquin est un de ceux qui se prêtent le mieux à cette vocalité. G. dalla Casa le décrit comme le plus à même d'imiter la voix :
« De gli stromenti di fiato il piu eccellente è il cornetto per imitar la voce humana piu de gli altri stromenti. »

Hormis les motets et chansons diminuées, ce programme vous invite à entendre deux canzoni de G. Frescobaldi et B. de Selma. Le genre de la Canzon connait un grand succès en Italie au XVIe siècle et trouve son origine dans certaines chansons françaises arrangées par la suite pour le luth, l'orgue ou d'autres instruments...