Mario Hacquard, baryton

Georges Dumé, piano

Maîtrise vocale accomplie, procurant à l'auditeur, grâce aux inflexions, aux articulations, aux nuances, un grand confort d'écoute immédiate des poèmes en musique, mais surtout de rejoindre par la voie mystérieuse, quasi médiumnique de l'interprétation, la pensée profonde des auteurs.

On a souvent mésestimé le poète Wilhelm Müller (un peu comme Da Ponte pour Mozart ou Piave pour Verdi). La musique transcende les textes, et il n'est pas évident que l'oeuvre eût été plus magistrale avec un poète plus huppé.

Après Fischer-Dieskau et quelques autres, Hacquard - lecteur cultivé des textes -, grâce à son beau matériau vocal, sa technique et son intelligence, est un remarquable truchement. Il nous tient sous le charme de sa diction, de son timbre aux graves profonds, de son legato, de ses demi-teintes, bien servis par le piano de Dumé, parfait schubertien. Les mouvements qui laissent aux notes le temps de s'épanouir, sont judicieux et participent à la nostalgie et à la désespérance générale des 24 lieder.

(Journal de la Confédération Musicale de France - Photo Rachel Golub)